Au Turkménistan, les jeunes femmes se heurtent à une discrimination silencieuse : l’interdiction de conduire avant 30 ans. Une pratique arbitraire qui illustre les restrictions imposées par un régime autoritaire.
Dans ce pays d’Asie centrale, dirigé d’une main de fer par la dynastie Berdymoukhamedov, les jeunes femmes se voient privées d’un droit fondamental : celui de prendre le volant. Bien qu’aucune loi officielle ne l’interdise, les auto-écoles refusent systématiquement de délivrer des permis de conduire aux femmes de moins de 30 ans. Cette pratique, justifiée par des raisons non officielles, reflète les nombreuses restrictions imposées par un régime répressif, où la liberté individuelle est souvent sacrifiée au nom de traditions arbitraires.
Mekhri, 19 ans, incarne cette injustice. Malgré sa maîtrise du code de la route et son désir de conduire, elle est contrainte de le faire en secret, sous la supervision de sa mère, Gouzel. « Je l’emmène en dehors de la capitale, là où il y a moins de contrôles », confie cette dernière. Pour ces femmes, conduire devient un acte de résistance, une quête d’autonomie dans un pays où les libertés sont étroitement surveillées.
Les auto-écoles, bien qu’elles acceptent les inscriptions des jeunes femmes, leur signifient rapidement que leur candidature n’aboutira pas. « Vous êtes venues pour rien », a-t-on déclaré à Maïssa, 26 ans, lorsqu’elle a tenté de passer son permis. Pourtant, ces établissements continuent de percevoir les frais d’inscription, profitant d’un système opaque et discriminatoire.
Les raisons invoquées par les autorités pour justifier cette interdiction sont floues. Un moniteur d’auto-école évoque une « augmentation des accidents impliquant des femmes », tandis qu’un autre suggère que certaines achèteraient leur permis. Ces explications, non étayées, masquent une réalité plus sombre : celle d’un régime qui contrôle minutieusement la vie des citoyens, en particulier celle des femmes.
Pour celles qui parviennent à obtenir un permis, les obstacles ne s’arrêtent pas là. Depuis 2023, les femmes doivent fournir une série de documents, dont un certificat de mariage et une enquête détaillée de leur employeur, pour enregistrer un véhicule à leur nom. Ces mesures renforcent les inégalités de genre dans un pays où les droits des femmes sont déjà limités.
Malgré les critiques internationales, notamment de l’ONU, le gouvernement turkmène persiste dans ses pratiques. En guise de « reconnaissance » à l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, le président Serdar Berdymoukhamedov a offert à chaque femme une allocation symbolique de trois dollars, une somme dérisoire qui illustre le mépris du régime envers ses citoyennes.
Dans ce contexte, les jeunes femmes turkmènes continuent de lutter pour leur autonomie, bravant les interdits dans l’espoir d’un avenir plus juste. Leur combat, bien que silencieux, témoigne d’une résilience face à un système qui cherche à les maintenir dans l’ombre.