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Tunisie : l’oliveraie reconquise, miroir d’une crise migratoire explosive

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Un propriétaire terrien exhale enfin après le démantèlement d’un camp de migrants sur ses terres. Son soulagement illustre les tensions persistantes autour de l’immigration en Tunisie.

La fumée s’élève encore des débris calcinés lorsque Arselène Ben Farhat contemple son oliveraie libérée. Après dix-huit mois d’occupation par des milliers de migrants subsahariens, ce Tunisien de 70 ans savoure ce qu’il nomme une « victoire familiale ». « La terre est sauvée », lance-t-il, soulagé, tandis que les engins municipaux évacuent les derniers vestiges de ce qui fut un vaste camp de fortune.

Cette parcelle de 21 hectares, héritée de son père près d’El Amra, était devenue malgré elle un symbole des fractures migratoires. Tout bascule en août 2023 lorsque des exilés, poussés vers les zones rurales après des expulsions à Sfax, investissent les lieux. Leur présence coïncide avec la radicalisation du discours officiel, le président Kaïs Saïed dénonçant alors une « menace démographique ».

Pour ce professeur d’université, l’impuissance fut longue. Malgré des démarches juridiques, les migrants se multiplient sous ses oliviers, rendant impossible la récolte en 2024. « Des tentes partout, des branches coupées pour le feu… Une blessure à l’âme », confie-t-il, partagé entre colère et empathie. Le point de rupture survient lorsqu’il se fait intimider sur ses propres terres, épisode qu’il médiatise via les réseaux sociaux.

L’intervention des forces de l’ordre, soutenue par des figures politiques anti-migration, met fin à cette cohabitation forcée. Près de 4 000 personnes sont évacuées dans la région, leurs abris réduits en cendres. Si les autorités promettent des « retours volontaires », beaucoup errent sans solution, craignant arrestations ou renvois vers des zones désertiques.

Derrière le soulagement personnel de M. Ben Farhat se dessine une crise plus vaste : celle d’un pays tiraillé entre réalités humanitaires et crispations identitaires, où chaque olivier reconquis raconte l’échec d’une gestion collective des flux migratoires.

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