Un siècle de savoir-faire automobile s’éteint au Royaume-Uni. La transition électrique et le Brexit ont eu raison de ce fleuron industriel.
Devant les immenses hangars de l’usine Vauxhall à Luton, les camions continuent de charger les derniers fourgons électriques sortis des chaînes. Pourtant, cette usine historique, qui a marqué l’industrie britannique pendant plus d’un siècle, s’apprête à fermer définitivement ses portes.
Fondée il y a 120 ans, l’usine a traversé les époques en produisant des véhicules pour le grand public comme pour l’armée, notamment pendant les deux guerres mondiales. À son apogée dans les années 1960, elle employait près de 35.000 personnes sous la direction de General Motors, avant d’être reprise par le groupe français PSA, devenu depuis Stellantis.
La décision de fermeture, annoncée en novembre dernier, s’explique par plusieurs facteurs. Le Brexit et la hausse des coûts liés à la transition vers les véhicules électriques ont pesé lourd dans la balance. Environ 1.100 salariés vont perdre leur emploi, un coup dur pour la ville de Luton, qui craint un effet domino sur les sous-traitants locaux.
Parmi les ouvriers, les sentiments sont partagés. Certains, comme Lynette Edwards, 32 ans, espèrent rebondir rapidement grâce aux forums emploi organisés par la municipalité. D’autres, plus âgés, voient cette fermeture comme la fin d’une histoire familiale. « Mon père, ma sœur, mon frère… toute ma famille a travaillé ici », confie un employé anonyme, proche de la retraite.
Stellantis propose à quelques-uns de ses salariés de rejoindre son autre site d’Ellesmere Port, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Mais la plupart refusent, peu enclins à quitter leur région. Le groupe justifie sa décision en invoquant les nouvelles réglementations britanniques sur les véhicules propres, qui l’obligent à rationaliser sa production.
Malgré ce coup dur, des projets économiques pourraient redynamiser la zone. L’agrandissement de l’aéroport de Londres-Luton, la construction d’un nouveau stade pour le club de football local et l’éventuelle implantation d’un parc Universal Studios laissent entrevoir des perspectives d’emploi. Mais pour les anciens de Vauxhall, c’est bien une page de l’histoire industrielle britannique qui se tourne.