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Culture

Giuliano Da Empoli, l’observateur lucide d’un monde en mutation

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Face à la montée des autocraties et des géants technologiques, l’écrivain italo-suisse se pose en témoin critique d’une époque en pleine dérive.

Giuliano Da Empoli, auteur et intellectuel aux multiples facettes, dresse un constat sans concession sur les bouleversements politiques et technologiques qui redéfinissent notre époque. Dans son dernier ouvrage, *L’Heure des prédateurs*, il compare les dirigeants contemporains et les magnats du numérique aux conquistadors du XVIe siècle, dont l’arrivée a précipité la chute des civilisations établies. Cette analogie saisissante illustre sa vision d’un monde où la démocratie et les équilibres traditionnels sont menacés par des forces nouvelles, souvent brutales.

Né à Neuilly-sur-Seine d’un père italien et d’une mère suisse, Da Empoli a grandi dans un environnement cosmopolite, marqué par les voyages et les échanges culturels. Son parcours personnel a été profondément influencé par un drame familial : à 12 ans, il assiste à l’attaque de son père par les Brigades rouges, un épisode traumatisant qui le contraint à vivre sous protection policière pendant des années. Après des études en droit et en sciences politiques, il se fait remarquer par ses essais percutants, dont *Les Ingénieurs du chaos*, une analyse des réseaux sociaux comme accélérateurs du populisme.

Ancien conseiller de Matteo Renzi, il puise dans son expérience politique pour décrire les coulisses du pouvoir avec une ironie mordante. Selon lui, les dirigeants modérés ont sous-estimé la menace représentée par les acteurs de la tech, tout comme les peuples autochtones ont sous-estimé la violence des conquérants européens. Dans son dernier roman, il met en scène des figures politiques radicales – Trump, Milei, Bukele – dont l’ascension symbolise, à ses yeux, le rejet des règles et des institutions.

Da Empoli ne se fait guère d’illusions sur l’impact de la littérature face à ces dynamiques implacables. Pourtant, il continue d’écrire, convaincu que son rôle est de documenter ces mutations, même si ses mots ne peuvent inverser le cours des choses. *Le Mage du Kremlin*, son précédent roman, avait anticipé avec une troublante acuité les tensions géopolitiques actuelles. Aujourd’hui, il persiste dans cette voie, offrant une lecture à la fois lucide et désenchantée des rapports de force qui façonnent notre époque. Pour lui, l’écriture reste un antidote contre l’absurdité du monde.

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