Pour la première fois en France, une consultation citoyenne d’ampleur nationale se penche sur l’avenir d’un bassin industriel stratégique, entre enjeux économiques et écologiques.
La région de Fos-Berre, deuxième pôle industriel le plus polluant du pays, s’apprête à vivre une transformation majeure. Une consultation publique inédite, orchestrée par la Commission nationale du débat public (CNDP), s’ouvre pour trois mois afin d’imaginer un modèle industriel plus durable. Au cœur des discussions : comment concilier relance économique, réduction des émissions et qualité de vie dans cette zone située à proximité de Marseille, responsable d’un quart des rejets industriels de CO₂ en France.
Débats mobiles, ateliers participatifs et rencontres thématiques rythmeront cette démarche, qui s’étendra sur treize communes réparties entre les Bouches-du-Rhône, le Gard et les Alpes-de-Haute-Provence. L’objectif est d’associer citoyens, entreprises et institutions à la réflexion sur près de quarante projets structurants, allant de la production d’hydrogène vert à la modernisation des infrastructures logistiques. Ces investissements, estimés à 20 milliards d’euros, pourraient générer 10 000 emplois directs.
La particularité de cette initiative réside dans son approche globale. Plutôt que de segmenter les projets, les autorités ont opté pour une vision intégrée, permettant d’appréhender les interdépendances entre transition énergétique, préservation des écosystèmes et développement territorial. Parmi les sujets sensibles figurent notamment le tracé d’une ligne électrique à très haute tension, dont le passage en Camargue suscite des oppositions farouches. Des contre-expertises indépendantes seront rendues publiques pour éclairer les choix, sans pour autant aboutir à un vote contraignant.
Cette démarche participative marque un tournant dans la gouvernance des grands projets industriels. Elle vise à renforcer la transparence et l’adhésion locale, tout en accélérant la décarbonation d’un territoire clé pour l’économie française. Les conclusions des débats seront synthétisées d’ici septembre, ouvrant la voie à des arbitrages finaux par l’État et les acteurs concernés.