Des familles établies depuis des années se retrouvent dans la tourmente des politiques migratoires drastiques, malgré leur contribution économique et sociale.
Au Texas, Erik Payán gérait depuis des années son commerce de pneus, payant ses impôts et remboursant son prêt immobilier comme tout citoyen américain. Pourtant, un après-midi de février, les services de l’immigration ont fait irruption dans son magasin pour l’arrêter. Son crime ? Avoir dépassé la durée de son visa de travail, bien qu’il vive depuis deux décennies aux États-Unis, où il a fondé une famille. Son épouse, Alejandrina Morales, se souvient de l’angoisse de ce jour : « J’ai pleuré, mais les larmes ne changent rien. Il fallait agir. »
Comme des milliers d’autres, leur histoire illustre le paradoxe d’une politique migratoire qui cible des travailleurs intégrés plutôt que les criminels souvent invoqués dans les discours officiels. Malgré leur ancrage local, ces familles vivent sous la menace permanente d’une expulsion, même lorsqu’elles contribuent quotidiennement à l’économie du pays. En 2022, les migrants sans papiers ont versé près de 97 milliards de dollars en impôts, selon les estimations, sans pouvoir bénéficier de nombreux droits sociaux.
Grâce à l’intervention d’une avocate, Erik a finalement été libéré sous caution après vingt-sept jours de détention. Son cas n’est pas isolé : des procédures judiciaires existent pour régulariser des situations comme la sienne, notamment en prouvant son attachement familial ou en attendant que ses enfants majeurs, nés sur le sol américain, puissent parrainer sa demande. Mais le chemin reste semé d’embûches, dans un contexte politique où la rhétorique anti-migration domine.
Des voix s’élèvent pour dénoncer cette contradiction. « On exige d’eux qu’ils paient des taxes, mais on leur refuse les avantages qui en découlent », souligne un défenseur des droits des migrants. Pour lui, une réforme globale est indispensable afin de reconnaître leur rôle dans la société et d’offrir des solutions durables.
De retour dans son magasin, Erik retrouve peu à peu une vie normale, salué par ses clients fidèles. Son épouse respire enfin : « Ils m’avaient enlevé mon capitaine, et j’ai dû ramer seule. » Leur combat, comme celui de milliers d’autres, rappelle que derrière les statistiques se cachent des destins humains, souvent sacrifiés sur l’autel des clivages politiques.