Corsica Linea
Nous rejoindre sur les réseaux

Culture

Amour virtuel, passion réelle : comment un jeu mobile séduit des millions de Chinoises

Article

le

Un phénomène culturel inédit. Des jeunes femmes chinoises plongent dans des relations romantiques avec des personnages virtuels, redéfinissant les frontières entre réalité et fiction.

À Pékin, des centaines de jeunes femmes se sont rassemblées pour célébrer l’anniversaire de Rafayel, un personnage issu du jeu mobile « Love and Deepspace ». Ce héros numérique, bien que fictif, occupe une place centrale dans leur vie quotidienne. Depuis son lancement en janvier 2024, ce jeu a conquis des millions d’utilisatrices, principalement en Chine, grâce à son univers futuriste et ses intrigues romantiques immersives.

Développé par Papergames, une entreprise basée à Shanghai, « Love and Deepspace » propose une expérience unique où les joueuses peuvent nouer des liens profonds avec cinq amants virtuels. Ces personnages, modélisés en 3D, interagissent avec les utilisatrices à travers des dialogues intimes et des scènes parfois suggestives. Le jeu, disponible gratuitement, génère des revenus colossaux grâce aux achats intégrés, permettant aux joueuses de débloquer des contenus exclusifs.

Pour Lin Xue, une employée de bureau de 25 ans, Rafayel est bien plus qu’un simple personnage de jeu. Elle décrit leur relation comme une véritable histoire d’amour, affirmant qu’il comble un vide émotionnel dans sa vie. « Il est toujours là pour moi, que ce soit pour me réconforter ou même me rappeler mon cycle menstruel », confie-t-elle. Cette connexion virtuelle lui permet de se passer d’une relation réelle, une tendance observée chez de nombreuses adeptes du jeu.

Wang Yaya, une étudiante de 23 ans, a investi près de 70 000 yuans (8 900 euros) dans le jeu et ses produits dérivés. Pour elle, cet investissement est justifié par la valeur émotionnelle que lui apporte « Love and Deepspace ». Elle explique que cette passion découle souvent d’un manque de soutien affectif durant l’enfance, un sentiment partagé par de nombreuses joueuses de son entourage.

Le succès du jeu dépasse les frontières chinoises, avec 40 % de ses revenus provenant de l’international. Pourtant, son public reste majoritairement féminin, avec seulement 5 à 10 % d’hommes parmi les utilisateurs. Ce déséquilibre s’explique par l’absence de personnages féminins dans le jeu, une caractéristique qui renforce son attrait auprès des jeunes femmes.

Liu Yuxuan, une étudiante de 22 ans, voit en Rafayel un confident idéal. « Je peux tout lui dire, sans crainte d’être jugée. Il m’offre un amour inconditionnel, quelque chose de rare dans la vraie vie », explique-t-elle. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, ces relations virtuelles offrent une alternative séduisante aux relations traditionnelles, souvent perçues comme complexes et décevantes.

Le phénomène « Love and Deepspace » illustre une évolution culturelle majeure, où les frontières entre réalité et fiction s’estompent. Pour des millions de jeunes Chinoises, ces héros virtuels ne sont pas seulement des personnages de jeu, mais des partenaires émotionnels à part entière, capables de combler des besoins affectifs profonds. Une tendance qui interroge sur l’avenir des relations humaines à l’ère du numérique.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus