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Alexandre Djouhri : la défense dénonce un « portrait à charge » dans l’affaire du financement libyen

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L’homme d’affaires, jugé dans le cadre du dossier Sarkozy-Kadhafi, clame son innocence face à des accusations qu’il qualifie de « traquenard judiciaire ».

Les avocats d’Alexandre Djouhri ont fermement défendu leur client jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris, exigeant sa relaxe dans cette affaire emblématique. L’homme d’affaires, âgé de 66 ans, est accusé d’avoir joué un rôle central dans un présumé réseau de corruption lié au financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. Face aux réquisitions sévères du parquet – cinq ans d’emprisonnement et une amende de quatre millions d’euros –, la défense a déployé une argumentation serrée pour déconstruire l’image d’un « bandit » ou d’un « agent de corruption » qui lui serait attribuée.

Me Jean-Marc Delas a ouvert les plaidoiries en brossant un portrait contrasté de son client, loin des clichés véhiculés selon lui par l’accusation. Il a décrit un homme « attachant », discret mais introduit dans les cercles du pouvoir, sans pour autant correspondre à la caricature d’un malfaiteur recourant à l’intimidation. L’avocat a également rappelé que son client, seul prévenu à avoir connu la détention provisoire, n’avait aucun antécédent judiciaire. Une discrétion brisée par cette affaire, alors qu’il évoluait jusqu’alors dans l’ombre des palais nationaux, entre relations d’affaires et réseaux diplomatiques.

Le cœur du dossier repose sur les soupçons d’une entente avec Bechir Saleh, ancien argentier du régime libyen, dont Alexandre Djouhri aurait facilité l’exfiltration en 2012. Une manœuvre interprétée par l’accusation comme une tentative d’étouffer des preuves compromettantes. Me Pierre Cornut-Gentille a vivement rejeté cette thèse, dénonçant une « diabolisation » destinée selon lui à masquer les faiblesses de l’argumentaire juridique. Il a défendu l’activité légitime de son client, intermédiaire rémunéré pour faciliter des contrats à l’international, sans que cela ne constitue en soi un délit.

La défense a par ailleurs pris soin de marquer ses distances avec Ziad Takieddine, autre figure clé du dossier, dont la réputation sulfureuse et la fuite actuelle contrastent avec la posture d’Alexandre Djouhri, présent à toutes les audiences. Me Charles Consigny a souligné la franchise parfois déconcertante de son client, loin des codes policés des élites politiques ou économiques. Un tempérament « brut de décoffrage » qui, selon lui, ne doit pas être confondu avec de l’insouciance.

L’audience a parfois basculé dans des moments surprenants, comme lorsque l’intéressé avait évoqué avec crudité les fouilles corporelles subies en détention, suscitant la stupéfaction de la présidente du tribunal. Des échanges qui n’ont toutefois pas altéré le sérieux des débats, à l’approche du dénouement de ce marathon judiciaire.

Les plaidoiries se poursuivront la semaine prochaine pour les autres prévenus, dont l’ancien président Nicolas Sarkozy, visé par une requête de sept ans de prison. Le tribunal devra ensuite trancher l’une des affaires politico-financières les plus médiatisées de la décennie, après des semaines d’audiences riches en rebondissements.

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