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Les Canadiens boudent les États-Unis, une fronde touristique inédite

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La colère gronde au nord de la frontière. De nombreux voyageurs renoncent à leurs séjours aux États-Unis, marquant une rupture avec une tradition ancrée depuis des décennies.

Chaque été, Rosalie Côté et sa famille traversaient la frontière pour profiter des paysages du Maine. Cette année, la tradition est rompue. Comme des milliers de leurs compatriotes, ils ont choisi de boycotter les États-Unis, ulcérés par les tensions politiques et les mesures protectionnistes visant leur pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Près de 60% des Canadiens ont annulé ou modifié leurs projets de voyage vers leur voisin du Sud, selon les dernières enquêtes.

Les agences de voyage constatent une chute vertigineuse des réservations. Les destinations américaines enregistrent un recul de 40% par rapport à l’an dernier, tandis que les annulations atteignent 20%. Une tendance qui menace un marché estimé à 20,5 milliards de dollars, vital pour l’économie américaine. Romane Gauvreau, étudiante montréalaise, résume cet état d’esprit. « Comment visiter un pays où la démocratie vacille et où les droits fondamentaux sont bafoués ? » interroge-t-elle.

Le phénomène touche même les « snowbirds », ces retraités qui passaient traditionnellement l’hiver en Floride. André Laurent, habitué des séjours prolongés, a vendu sa propriété. « Avec l’arrivée de Trump, l’ambiance est devenue irrespirable. Je ne me sentais plus le bienvenu », confie-t-il. Dans son quartier résidentiel, cinq autres Canadiens ont pris la même décision.

Face à ce désaveu, le gouvernement canadien encourage ses citoyens à redécouvrir leur pays. Les parcs nationaux, les sites historiques et les paysages grandioses de l’Ouest sont mis en avant comme alternatives. Les réseaux sociaux amplifient le mouvement avec des campagnes comme « Choisir le Canada », tandis que les compagnies aériennes réorientent leurs vols vers le Mexique ou les Caraïbes.

Les professionnels du secteur s’adaptent. Certaines agences évitent désormais de proposer les États-Unis en première intention. « C’est un boycott assumé. Le tourisme est une arme économique », explique le directeur d’une entreprise spécialisée. Les experts prévoient une année record pour le tourisme intérieur, avec six Canadiens sur dix optant pour des vacances locales.

Pour Rosalie Côté, la conclusion est sans appel. « Investir chez nous plutôt que chez ceux qui nous attaquent, c’est une question de dignité. » Une fronde pacifique, mais dont les répercussions pourraient bien faire réfléchir Washington.

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